Béni-Saf est une petite ville qui rétrécit au fil des ans, à mesure qu’on s’en éloigne comme le chalutier qui s’éloigne à l’horizon …
Béni-Saf est une petite ville qui se morfond dans les méandres de l’Histoire. C’est une blessure de l’Histoire … un passé historique célèbre et légendaire …
Son élite intellectuelle formée de ses enfants ayant accompli leurs premiers pas d’écoliers, ici même, dans cette cité séculaire, dans des écoles aussi célèbres en leur temps où ils ont vécus leurs rêves d'enfants, leurs idéaux d'adolescents, leurs amitiés, leurs convictions, leurs succès, des génies ou des virtuoses, des enfants éduqués dans des familles modestes ou riches, … ne sont pas là, ne sont plus là … où sont-ils ? – me dites-vous !
Aussi loin que remonte mes souvenirs, les béni-safiens de souche n’arrivaient jamais à vivre en dehors de leur famille, de leur rue ou leur quartier, ils avaient un sentiment d’appartenance à cette ville ...
Une ville natale, c’est comme une mère, elle ne se remplace jamais … Qui a le pouvoir de séparer une mère de ses enfants ?
...
Ils se sont placés à un rang quelconque, sans importance, marginalisés ou mis dans des positions inconvenantes et inconcevables, très rarement consultés, ce qui leur a valu une traversée outre-mer à la recherche d’un avenir ailleurs, sous d’autres cieux plus cléments : eux ou elles qui représentaient la future élite de la ville et l’espoir du renouveau, l’alternance et l’alternative. Ils ont laissé un vide favorable à l’immobilisme, au désordre et à la confusion, à la persistance de l’opportunisme dans la durée : ils ne se sont jamais retournés.
La ville qui a été le havre du rural pour un temps n’arrive plus à assurer une cohésion sociale ni jouer son rôle de lieu de rencontre et d’échanges.
Face à un déficit en communication, nos élites effacés de la scène politique et même culturelle locale nous donnent le sentiment que nous reculons tant leur absence se fait horriblement sentir. L’écart qui apparaît de plus en plus grand nous fait tomber au plus bas.
Ce sont aussi les machinations cyniques de personnages d’un passé récent et d’aujourd’hui qui ont cherché et cherchent encore à désunir la société, ce sont les opportunistes qui apparaissent selon l’intérêt du moment, ou à renverser les situations dans le mauvais sens, ou encore à falsifier l’histoire de cette ville …
Mais dans une société où les protagonistes du mouvement associatif ne semblent pas jouir d’une personnalité, il ne peut y avoir une société civile digne de ce nom.
Quand je navigue sur la toile pour m’informer ou pour tuer le temps, notre intelligentsia nous regarde à la jumelle de Bruxelles, Londres, Paris, Montréal ou Québec, ou quelque part en Amérique et s’embarrasse dans un débat timide ou pudique et réservé, souvent justifié mais pour nous qui sommes là, injustifiable.
Les opportunistes, quant à eux, s’adaptent bien à la situation et survivent dans un territoire qu’ils ont tracé, limité, il y a bien longtemps …
Mais qui en parle de cette ville ? À qui en parler ?
En ces temps de l’incertitude, nos édiles, enrichis et peu crédibles aux yeux de tous, le regard haut et fier, alimentent encore la médiocrité et l’échec.
« Lorsque le soleil se lève à Béni-Saf l’on ne peut que se sentir égaré dans les sentiers perdus de l’Histoire. »
Je ne cesserai d’appeler de toutes mes forces notre élite intellectuelle d’ici ou d’ailleurs à essayer de restituer, à défaut de pouvoir le faire, valoriser à sa juste mesure ce qui reste à préserver …
Les catastrophes n’arrivent pas qu’aux autres !
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Voilà : c'est fait.
Et un gros MERCI !!!!