vendredi 24 juin 2016

Béni-Saf, entre le hasard et l’Histoire ...


La petite mer brille aux reflets du soleil brûlant de septembre du haut du promontoire de Sidi Mohamed qui la surplombe et la surveille, des mouettes blanches et cendrées survolent le ciel, au loin l'île rugueuse, immortelle sentinelle, bercée par les eaux de la méditerranée provoquant, entre les récifs, des petites vagues qui s’entrelacent et s’étreignent. 
N'est-ce pas qu'elle est belle ma ville qui, au fil des ans, malgré les intrusions et les incompréhensions, elle raconte et témoigne encore.
La côte bénisafienne évoque des parties de pêche et le gout salé du poisson mais nous renseigne aussi sur l'histoire de ce littoral écrite sur tous les temps et tous les tons, une histoire séculaire secouée par la conquête française. 
En 1837, un ingénieur de la marine française propose l’installation d’un mouillage d’été dans la baie de la Tafna, une plage de débarquement, propice au petit cabotage.[1] Une seconde fois, en 1850, un géographe français, débarque, apprend et note l’existence de mines exploitées depuis l’Antiquité.
Vers 1860, apparaissaient quelques européens arrivant d’Espagne, soit directement après une traversée hasardeuse, soit d’Oran, longtemps occupée par les Espagnols ; des espagnols fuyant leur pays, furent dirigés sur Béni-Saf où ils se fixèrent. De la Numancia à Béni-Saf, combien d’itinéraires ont-ils entrecroisés ?
Ils s’installeront, d’abord, sur la vallée de Sidi-Boucif dans les fameuses "cuevas", des grottes composées de plusieurs chambres en enfilade, donnant sur la mer. Ils ont marqué, au fil des années, cette contrée de leur empreinte.
Mais le cri de liberté se répandit dans les coins les plus éloignés du pays et Béni-Saf, reconnue comme l’avant-garde des partisans de l’autonomie et de l’indépendance, connut des événements mémorables mêlés à ce long combat que l’Histoire retiendra …
Sidi-Boucif, Sidi -Brik, Sidi-Bouhmidi, Sidi-Mehdi, mystiques vénérés, et tous les saints patrons, hommes de foi qui sont passés par cette ville, en sont les témoins silencieux.
La nouvelle de l’indépendance fut accueillie dans une joie fabuleuse contenue par le souvenir pénible et malheureux de tous les martyrs qui accomplirent l’une des œuvres divines les plus sacrées que Dieu encourage et bénit.
Béni-Saf, aujourd’hui, s’est assoupie en un sommeil pesant. Car ici, depuis longtemps, la rue n’a plus repris les bruits, les odeurs et les saveurs d’antan. Le sourire est présent mais triste et tous ceux qui y sont attachés plus que jamais sont découragés ; ils durent se plier à la médiocrité.
Béni-Saf, de ton Histoire et de la tombe où tu es ensevelie, de tes tourments et tes bonheurs passés, conserve ta mémoire !

[1] Association des Béni-Safiens, l’Album de Béni-Saf, 1988, Paris, France

écrit le lundi 9 novembre 2015 à 12:30 

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